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Musée National des Arts Asiatiques - Guimet

Guimet, le musée réincarné

Après six ans de fermeture et de travaux le musée Guimet a réouvert ses portes le 20 janvier 2001 pour montrer et abriter les plus grandes collections du monde d’art asiatique. C’est la plus importante restructuration qu’ait connu ce lieu depuis sa fondation par Emile Guimet en 1889.

Un fondateur passionné de découvertes

Emile Guimet, fondateur du musée, était non seulement un grand collectionneur mais aussi un industriel humaniste, propriétaire de la compagnie Pechiney. Quand en 1865 il voyage en Egypte c’est l’illumination. De là débute sa collection, motivé par la nécessité d’établir des comparaisons avec d’autres civilisations. mais aussi une soif inextinguible de connaissances et de voyages. Chargé par l’état d’une mission au Japon, en Chine et en Inde pour y étudier les religions de l’Extrême-Orient, il mène cette « enquête » de façon méthodique et passionnée. Il rencontrera au Japon le sens de la beauté qui gouverne la vie des japonais et se rend dans de nombreux temples où il organise de véritables « rencontres-débats » avec les moines. Il réunit une collection exceptionnelle d’images bouddhiques et shintô. Pour lui, « quand on veut vraiment apprécier les civilisations anciennes ou exotiques on doit faire abstraction de ses propres croyances, se dépouiller des idées toutes faites données par l’éducation, pour bien saisir la doctrine de Confucius il est bon de se donner l’esprit de lettré chinois, pour comprendre Bouddha, il faut se faire une âme bouddhique. Mais comment y arriver par le seul contact des livres ou de collections ? Il est indispensable de voyager, de toucher le croyant, de lui parler, de le voir agir... »

Au retour de ce voyage décisif il crée le musée des religions à Lyon qu’il transfère à Paris et qui devient finalement le musée Guimet en 1889. Il est inauguré à la fin des cérémonies de l’exposition universelle par le président de l’époque Sadi Carnot. Guimet voulait un laboratoire d’idées et non un musée des beaux-arts ou de curiosités, il finança aussi un centre de recherche sur les civilisations et religions du monde. Dans la bibliothèque de la rotonde se retrouvaient les orientalistes pour parler d’expéditions archéologiques, de publications ou d’acquisitions d’ ?uvres d’art. Autant de réunions savantes, mais non rébarbatives. Emile Guimet, avec son goût inégalé pour le théâtre et la danse, anima le lieu et fit courir le tout Paris à des représentations de grands artistes. On y vit la future Mata Hari exécuter des danses brahmaniques et javanaises en 1905, des cérémonies bouddhiques dans les traditions japonaise et lamaïque. Il assura ainsi définitivement le succès du musée.

L’architecture, écrin des collections

Au fil des ans les aménagements successifs du musée l’avaient transformé en un labyrinthe cloisonné et compartimenté où les collections s’accumulaient de façon incohérente. Une rénovation s’imposa.
Les architectes Henri et Bruno Gaudin, sélectionnés par un jury international, ont offert tout un jeu de perspectives horizontales et verticales et un véritable réseau de résonances visuelles, permettant aux collections de trouver une nouvelle respiration.
Le musée se déploie maintenant sur cinq niveaux avec une extension des surfaces utiles de 10 000 à 13 000m2. Il est fédéré autour de la grande salle d’art khmère et autour d’un patio ouvert sur le ciel. Deux escaliers distribuent l’ensemble de l’édifice, organisés symétriquement depuis la rotonde qui fait usage de hall d’accueil. Ce sont de véritables promenoirs d’où rien n’arrête le regard et à partir desquels le musée se présente désormais dans son intégralité. Les architectes ont évité les décorations exotiques au bénéfice de lignes et de couleurs qui respectent les ?uvres. Pierre, bois, laiton, surfaces blanches, grises, sables et lumière naturelle habillent l’espace.
Un auditorium de 280 places, une librairie, la magnifique bibliothèque d’origine, une terrasse, un restaurant et de vastes réserves complètent les surfaces d’exposition. Et en prime, depuis les étages le musée s’ouvre sur de nombreuses vues de Paris et de la tour Eiffel.
Les architectes ont travaillé en harmonie avec le lieu, les ?uvres et le directeur du musée, Henri Gaudin nous expose sa vision « le propre d’un musée est d’offrir l’hospitalité tant aux ?uvres qu’aux visiteurs, d’autant que l’on sait que dans l’art asiatique c’est l’espacement, c’est le blanc qui vient irriguer la matière même. Et comme dans la peinture, c’est le vide qui vivifie, qui se ramifie en cascade, s’insinue dans les arbres, se fait sous la montagne nuage. Si creux et déliés sont la figure même de l’alternance du plein et du vide, alors l’attention aux passages, aux ouvertures, à la correspondance des objets exposés n’est jamais assez grande ».

Une présentation plus équilibrée de chaque pays

Dans un pari de simplicité et aussi de rigueur scientifique, les collections des différentes civilisations s’ordonnent selon un ordre chronologique, avec le souci d’atténuer les divisions par techniques (objets de métal, de céramique ou bien oeuvres sculptées, etc.) et d’éviter l’approche anthropologique souvent adoptée par d’autres musées sous forme thématique et sensées présenter les grandes composantes spécifiques des civilisations d’Asie. Un rééquilibrage très marqué des espaces attribués à certains pays comme le Japon et la Corée dont le musée conserve à présent de riches collections, la volonté d’accorder une place importante à des arts majeurs comme la peinture chinoise, coréenne et japonaise presque totalement absente des anciennes présentations donneront au visiteur le sentiment de découvrir un musée différent.
Il offre une plus grande unité dans la présentation des collections en donnant une place particulière à des arts considérés comme majeurs en Asie, tels la calligraphie, la peinture, l’orfèvrerie ou le textile qui étaient à peine évoqués précédemment.
Le circuit des visites plus cohérent qu’auparavant permettra aussi de mieux comprendre les grands phénomènes « transasiatiques » tels que la diffusion vers l’est et vers le sud-est des formes religieuses indiennes par la route de la soie et par les voies maritimes, ou bien la vaste phénomène du rayonnement de la civilisation chinoise dans tout l’Extrême-Orient.

Seules 3 500 des 45 000 pièces sont exposées. Jean-François Jarrige, directeur du musée et coordonnateur de cette rénovation, précise « même si le principe de rotation d’une partie des collections permettra au visiteur de découvrir des pièces nouvelles à chacun de ses passages dans le musée, l’objectif n’est pas d’essayer de présenter beaucoup plus d’ ?uvres qu’auparavant. Le premier souci est la mise en valeur des collections. Toutefois de nombreuses acquisitions de première importance ont été réalisées, tant sur les crédits d’état que sur ceux des mécènes accompagnées d’une série de donations exceptionnelles et d’une vaste campagne de restauration et de remontage d’ensembles monumentaux encore jamais exposés dans le musée comme le « Grand Naga ». Cette sculpture, représentant un serpent sacré, provenant du temple Preah Khan d’Angkor est composée de 31 blocs de grès. »

Le coût total est de 350 millions de francs dont 40 millions versés par des mécènes asiatiques. Au nombre de ces généreux donateurs on peut compter : Lionel Fournier qui a offert en 1989 un des plus beaux ensembles d’oeuvres du Tibet et du Népal jamais réunis par une seule personne, le collectionneur belge Jacques Polain, Bernard Arnault, François Pinault et son groupe LVMH, M.T.T. Tsui chinois de Hong Kong, le cinéaste Yonfan Manshi et Mme Krishnâ Riboud.

Répartition des collections :

  • Rez-de-chaussée : l’Inde, l’Asie du sud-est.
  • Premier Etage : la Chine de la préhistoire aux Tang, la route de la soie, la Chine archéologique, les arts de l’Asie centrale bouddhique, le Pakistan, l’Afghanistan, le Népal, le Tibet, la galerie de la collection Riboud (textiles, costumes, bijoux et objets décoratifs de l’Inde).
  • Deuxième étage : le Japon, la Corée, la peinture chinoise, la sculpture bouddhique chinoise.
  • Troisième étage : la Chine.
  • La rotonde du quatrième étage : les grands paravents chinois.

Une solide politique culturelle

Comme tous les grands musées parisiens le musée Guimet s’est doté d’une solide politique culturelle. L’animation culturelle utilisera notamment l’auditorium pour des conférences gratuites du samedi et du dimanche données par des conservateurs, et aussi pour des concerts de musique, des cycles cinématographiques sur l’Asie Orientale et sur le monde indien, des spectacles-rencontres favorisant le dialogue entre les artistes et le public. Et tout au long de l’année le musée organisera des visites-conférences quotidiennes, des parcours pédagogiques autour de légendes asiatiques, des ateliers autour d’une matière, d’une technique, d’un type d’objet... comme le papier, la danse, les peintures éphémères ; un dialogue avec les enseignants sous forme de rencontres avec les conservateurs, de journées de présentation, de productions de dossiers pédagogiques ; l’édition de guides, de CD audio, de vidéos, d’émissions télévisées ainsi qu’un site internet.

Alors dépaysez vous, partez en voyage, allez vagabonder, déambuler une journée au musée.

Musée national des Arts Asiatiques - Guimet
6 place d’Iéna 75016 Paris. Tél. : 01.56.52.53.00.
Ouvert tous les jours de 10 heures à 18 heures sauf le mardi.

Tous renseignements utiles (tarifs, programme des expositions...) : http://www.museeguimet.fr


Publié par Frédéric Volle le lundi 15 janvier 2001
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