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| Kerala Teyyam
Quand les divinités monstrueuses du Kerala jouent avec les hommesAu Kerala, État du sud-ouest de l’Inde, subsistent des religions dramatiques millénaires, dont la forme spectaculaire laisse stupéfait par ses aspects fantastiques et sa splendeur. Le teyyam ou teyyatam (jeu de dieu), en langue malayalam, fait partie de ces cérémonies saisonnières, soigneusement préparées et mises en scène par des ritualistes initiés, pour un public connaissant parfaitement les codes, mais en attente et en demande de l’événement qui lui apportera ce que la vie quotidienne ne peut lui fournir. Exécuté, après la seconde récolte de riz (entre janvier et mars) par les "peuples des collines", le teyyam caractérise un village (ou une région), car celui-ci se trouve lié à une ou plusieurs divinités. Les "peuples des collines", qui font partie des adivasi ou aborigènes de l’Inde et sont marginalisés par les populations hindouistes majoritaires, vivent pourtant grâce à leurs religions dramatiques, en parfaite harmonie avecles milieux naturels et avec les autres hommes. Un voyage chamaniqueGrâce au teyyam en particulier, ils cultivent, en effet, un rapport privilégié avec la surnature. Le rituel leur permet d’appeler la divinité, de se rendre symboliquement auprès d’elle, de lui demander conseil puis de revenir, enrichi et apaisé, parmi les membres de la communauté. Cette brève description montre que ceux qui peuvent côtoyer les dieux appartiennent à la catégorie rare et privilégiée des chamanes. Chamanes en effet, les initiés ou komoran pratiquent le voyage chamanique, métamorphosés en cette divinité qu’ils vont s’efforcer d’atteindre.  Maquillages et costumes remodèlent les corps
Enduits de matières minérales et végétales, leur corps et leur visage vont prendre petit à petit des caractéristiques terrifiantes. Leurs yeux creusés de noir les feront ressembler à des cadavres. Ils planteront dans leurs lèvres, devenues babines sanglantes, des canines d’argent recourbées. Leur corps disparaîtra sous une immense crinoline pourpre. Certains s’attacheront des seins de métal sur la poitrine. Des anneaux de bronze ou d’argent, pesant chacun plusieurs kilos, enserreront leurs chevilles. Sur leur tête sera placé le mudi ou coiffure-tour, pouvant mesurer parfois quatre mètres de haut et trois mètres d’envergure. Les serviteurs du sanctuaire de la forêt leur tendront un morceau de miroir. Et lorsque leurs yeux rencontreront les yeux de leur image, ils se changeront en une marionnette monstrueuse et commenceront le voyage chamanique car ils pourront alors atteindre l’extase. Le maquillage, l’habillage, mais aussi la musique des grands tambours chenda et des hautbois nageswaram, la danse basée sur des sauts, des marches, des tourbillons font partie des psychotropes capables de mener ces hommes longuement entraînés, vers un état de conscience altérée. La parole est aux divinitésLeur esprit ou leur âme errera pendant un certain temps dans un monde différent. Puis il réintégrera leur corps. Et là, au milieu du sanctuaire, le ritualiste, avec une voix changée, une voix flûtée ou une voix animale, donnera une consultation. Il répondra dans une langue secrète aux questions des membres de sa communauté parce que, à ce moment-là, s’opère un autre phénomène : celui de la possession. Qui sont ces divinités primordiales qui acceptent de traverser un continent pour venir rencontrer des êtres humains qui ne connaissent même pas leur nom ? À l’origine, les saptamatrika (les sept mères) et leur descendance veillaient sur le monde. A la fois buveuses de sang et protectrices de la fécondité, elles étaient nécessaires aux populations errantes de chasseurs confrontées aux plus grands périls. L’hindouisme, apparu au Kerala autour du premier millénaire avant J.-C., n’a pas réussi à les faire disparaître. Au contraire, les "peuples des collines" ont syncrétisé les nouvelles divinités avec les anciennes. Ce qu’approchera le public français, c’est une vision fantastique d’un monde différent, d’abord celui de l’Inde archaïque mais aussi celui de l’invisible. Il aura accès à des perceptions surprenantes qui, pour lui, ne feront partie que de l’esthétique, mais une esthétique si forte qu’elle provoquera certainement l’émotion. Il touchera ce qu’Artaud appelait "le théâtre de la cruauté". Extrait du dossier de presse. Publié à l’occasion du spectacle au Théâtre Equestre Zingaro en avril 2003. Auteur : Françoise Gründ Pour en savoir plus : Maison des Cultures du Monde Publié par
Patrick Le Gac le dimanche 6 avril 2003
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